Mordechai Perelman
janvier 5, 2019
Nathan RAPOPORT
janvier 5, 2019

Anton PRINNER (Anna Prinner, dite)

BUDAPEST 1902 – PARIS 1983

Le père d’Anna Prinner est chef comptable. Elle a trois frères. Elle s’inscrit aux Beaux-Arts de Budapest en 1920, où on la surnomme « l’Étrange ». En 1926, deux de ses tableaux sont exposés par erreur au musée des Beaux- Arts et obtiennent un certain succès. Elle quitte la Hongrie, qu’elle ne reverra jamais, et arrive à Paris en 1927. Elle s’appelle alors encore Anna et porte des cheveux longs. En France, elle adopte une identité masculine, se fait appeler Anton, s’habille en homme et fume la pipe. Ayant alors cessé toute activité artistique, elle se consacre à l’étude des sciences occultes, des doctrines ésotériques et des philosophies mystiques. Elle survit en trouvant divers petits emplois, comme caricaturiste dans les boîtes de nuit avec son ami hongrois, le peintre Árpád Szenes.

Dans les années 1930, elle étudie la gravure dans l’atelier de Stanley William Hayter. Elle réalise des bas-reliefs puis des hauts-reliefs et apprend les techniques de la sculpture. Ses deux premières expositions personnelles ont lieu en 1942 chez Jeanne Bucher et en 1945 chez Pierre Loeb. Pendant l’Occupation, elle réalise des dessins à la plume. Elle cache le peintre Alexandre Heimovits et son enfant dans son atelier. Après la guerre, elle passe du temps au Select en compagnie d’autres artistes, dont le sculpteur Czaky. Elle fréquente également les frères Loeb et Picasso, qui la surnomme « le Petit Pivert » ou « Monsieur Madame ». En 1946, le peintre et photographe Émile Savitry réalise un reportage à son sujet dans son atelier de la rue Pernety.

De 1947 à 1949, elle illustre le Livre des morts des anciens Égyptiens pour l’éditeur J. Godet. Elle réalise également une suite de bas-reliefs sur le même thème. Elle se passionne pour la civilisation égyptienne. En 1950, Anton Prinner s’établit au Tapis vert, à Vallauris, contre l’avis de ses amis. Elle s’initie à la céramique. Après avoir été exploitée par le propriétaire de l’atelier et pillée par d’autres, Anton Prinner délaisse la sculpture pour la peinture. Dans sa biographie, elle écrit : « Je veux faire des choses qui ne plaisent à personne pour éviter qu’on ne me vole. »

Stories of Jewish Artists of the School of Paris 1905-1939

FRENCH-ENGLISH

Capitale des arts, le Paris des années 1905-1939 attire les artistes du monde entier. De cette période de foisonnement, un terme est resté, celui d'Ecole de Paris, qui recouvre une grande diversité d'expression artistique. Dans ce brassage dont Montparnasse est le creuset, un groupe se distingue : celui des artistes juifs venus de Russie, de Pologne et d'Europe centrale. Si leurs styles sont variés, un destin commun les rassemble : ils fuient l'antisémitisme de leur pays d'origine. Certains ont connu la célébrité dès les années 1920, tels Soutine, Lipchitz ou Chagall. D'autres n'ont pas eu le temps ou la chance d'y accéder. Près de la moitié a péri dans les camps de concentration nazis.

From 1905 to 1939, Paris attracted artists from all over the globe as the capital of the art world. This period of artistic proliferation became known as the School of Paris, and includes a great diversity of artistic expression. Within the teeming art world centred on Montparnasse, one group set itself apart: Jewish artists from Russia, Poland, and Central Europe. Although their styles were diverse, they shared the common fate of fleeing anti-Semitic persecutions in their home countries. Some became famous in the 1920s, such as Soutine, Lipchitz, and Chagall, while others did not have the time or the luck to gain renown. Nearly half of these artists died in Nazi concentration camps.